Comment écrire une histoire qui fonctionne ? C’est un peu la question à 10 000 euros 😊
Comme s’il y avait une recette, vous allez me dire.
Alors, en effet, il n’y a pas vraiment de recette pour écrire une histoire qui cartonne à tous les coups. La patte personnelle de chaque auteur y est pour beaucoup.
Mais je pense sincèrement qu’il y a des piliers, des essentiels à connaître absolument. Un peu comme des basiques de garde-robe. Mesdames, que serait votre garde-robe sans au moins un beau jean brut, une paire d’escarpins et une petite robe noire ? À chacune de les magnifier ensuite avec des touches personnelles de maquillage et de bijoux. Bref, vous voyez l’idée 😉
Dans cet article, vous apprendrez 5 basiques d’écriture, 5 règles d’or pour rendre votre histoire plus riche, créer des personnages dont vos lecteurs tomberont amoureux, et composer un livre qu’ils ne pourront pas lâcher !
1 – Clé n°1 pour écrire une histoire qui fonctionne : savoir quelle histoire on veut raconter
Souvent, au début d’un projet d’écriture, nos idées sont assez floues : « je veux raconter de manière romancée l’histoire de ma grand-mère », ou « je veux écrire un livre sur le thème de la jalousie ».
Là, il va falloir vous creuser le citron pour être le plus précis, le plus spécifique possible.
Brainstormez avec vous-mêmes sur votre idée de base :
– Je veux raconter l’histoire de qui ? Qui seraient mes personnages principaux ?
– Où se passe mon histoire ?
– Quand se passe mon histoire ?
– Qu’est-ce qui déclenche l’histoire ?
– Quelles péripéties mon personnage va rencontrer ?
Répondre à ce petit questionnaire va vous aider à affiner votre première idée. L’« histoire de ma grand-mère » va par exemple se transformer en l’histoire d’une jeune fille née dans une famille pauvre en Ardèche en 1920, qui se bat pour devenir médecin ou professeur.
Le « livre sur le thème de la jalousie » pourrait devenir l’histoire d’une mère jalouse de son propre enfant, comme dans Frappe-toi le cœur d’Amélie Nothomb.
2 – Clé n°2 : des conflits, toujours des conflits !
Une fois que vous avez planché sur la clé n°1, les ingrédients fondamentaux d’une bonne histoire vont commencer à se dégager : un personnage principal, qui poursuit un objectif ou une quête.
Pour approfondir la passionnant sujet des personnages, cliquez ici pour lire l’article « Comment créer des personnages de roman inoubliables ? »
Attention, ce ne sera pas du tout cuit pour votre héros. Loin de là. Un antagoniste (un personnage de « méchant » ou une force contraire comme la société, la nature, la maladie…) va s’opposer à la réalisation de son objectif.
L’antagoniste doit être particulièrement impitoyable. Comme le dit le scénariste John Truby, il doit « exceller à frapper le personnage principal dans sa principale faiblesse ».
Dans notre premier exemple, la jeune fille pauvre qui souhaite devenir médecin sera confrontée à de nombreux obstacles : la pression sociale du « ça ne se fait pas », la pauvreté, la désapprobation parentale.
Elle pourrait parvenir à convaincre enfin ses parents. Mais imaginons que son père ait un accident et décède brutalement. Elle se retrouverait obligée d’accepter n’importe quel travail pour soutenir sa famille et faire manger ses frères et sœurs. L’antagoniste est ici particulièrement vicieux, il oblige le personnage à choisir entre son rêve le plus cher et le sens du devoir familial.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, bien sûr. Votre personnage va devoir se battre bec et ongles pour surmonter ces obstacles et réaliser son objectif. Et la solution devra venir de lui, et pas d’un quelconque coup de bol ou deus ex machina 😊
Le conflit donne du sel à votre histoire, du suspense, et maintient l’intérêt du lecteur.
3 – Clé n°3 pour écrire une histoire qui fonctionne : on commence fort !
Comment commencer ? Question piège, ça. Souvent, on a envie de communiquer au lecteur un maximum d’informations sur le contexte avant de pouvoir enfin rentrer dans le vif du sujet.
Mon conseil : zappez les informations de contexte et commencez avec une scène frappante, une scène d’action.
Vous expliquerez plus tard le contexte.
L’important est de plonger le lecteur dans votre histoire le plus vite possible.
S’il est accroché, il aura envie, de lui-même, d’en savoir plus sur le contexte et le passé de vos personnages.
Exemple avec la première scène de La servante écarlate, série que je dévore en ce moment :
Dans un paysage verglacé, une voiture fonce à vive allure sur la route tandis que l’on entend des sirènes retentir. À bord, un jeune couple avec une petite fille. Ils ont l’air terrifié. Subitement, le véhicule fait une embardée et sort de la route.
Voyant qu’il ne parviendra pas à tirer la voiture de cette situation, le conducteur sort et va ouvrir la porte arrière. On entend toujours des sirènes et le conducteur presse la femme à se diriger vers le nord avec l’enfant, où quelqu’un est censé les attendre.
La femme et la petite fille se mettent à courir dans la forêt, aussi vite que le permettent les petites jambes de l’enfant. Plusieurs coups de feu retentissent soudain derrière elles, ce qui laisse présager que le conducteur de la voiture a été abattu. On entend des aboiements de chiens, des voix vociférantes se rapprochent…
On ne sait rien de ces personnages. Et pourtant, on connecte instantanément avec eux via une scène très forte qui suscite inquiétude et empathie.
4 – Clé n°4 : augmenter les enjeux
Comme je vous le disais, votre personnage principal doit en voir de toutes les couleurs pour réaliser son objectif.
C’est capital pour composer une histoire qui fonctionne.
Son chemin doit le conduire à prendre des décisions de plus en plus difficiles, dont les conséquences sont de plus en plus lourdes.
Sa vie, ou celles de ses proches sont en jeu. Au sens littéral du terme, ou dans un sens plus psychologique.
C’est comme un nœud coulant qui se resserre progressivement autour du cou du héros et le pousse à se transformer au fil des obstacles qu’il rencontre, jusqu’au combat final avec l’antagoniste.
Pour reprendre l’exemple de la Servante écarlate, l’héroïne, June, vit dans un univers totalitaire, dans lequel le taux de natalité a dramatiquement chuté. En tant que femme fertile, elle est la servante d’un riche couple, c’est-à-dire qu’elle doit leur servir d’esclave sexuelle jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte.
Le danger est permanent, des hommes en armes patrouillent partout, tout le monde surveille tout le monde. Le moindre pas de travers est sévèrement puni : œil crevé, main coupée… Les pendaisons de dissidents en pleine rue sont monnaie courante.
D’humiliations en humiliations, June se décide à intégrer la résistance et à affronter ses bourreaux. Cette première décision, vous l’aurez compris, élève déjà considérablement les enjeux, au vu de la répression atroce qui sévit. On frémit pour l’héroïne, car on sait ce qu’elle risque. Et ce n’est que le début… chaque nouvelle décision qu’elle prendra par la suite la mettra face à des enjeux plus lourds de conséquences, pour elle-même comme pour ceux qui lui sont chers.
5 – Clé n°5 pour écrire une histoire qui fonctionne : planifiez !
Si vous me suivez depuis quelque temps, vous aurez compris que je ne suis pas très emballée par une approche « je me laisse porter par l’écriture » et j’avance au petit bonheur la chance.
Ça n’a jamais fonctionné pour moi, et ce n’est pas ce que je recommande sur le blog.
Mon conseil : planifiez en amont le déroulé de votre histoire : la structure, les enjeux, le thème, vos personnages principaux et leur évolution, les moments dramatiques clés et, bien sûr, la fin.
Ne vous inquiétez pas, cela ne va pas tuer votre créativité, bien au contraire !
Pourquoi ? Parce que planifier en amont vous donne votre feuille de route vers la destination de vos rêves. Vous savez, ce livre que vous portez en vous depuis des années 🌹
Comme vous savez où vous allez, vous avez l’esprit plus détendu. Fini, le blocage au bout des 50 premières pages ! Vous pouvez vous concentrer sur chaque scène, parce que vous savez ce qui vient derrière.
Et plus vous êtes détendus, plus vous donnez des ailes à votre imagination.
Cela ne vous empêchera pas d’explorer de nouvelles idées en cours de route : vous n’aurez qu’à les intégrer à votre feuille de route.
Bravo d’avoir lu jusqu’ici !
Vous maîtrisez à présent les 5 clés pour écrire une histoire qui fonctionne du tonnerre.
Et pour aller encore plus loin, n’hésitez pas à lire mon article sur « Ces erreurs d’écriture qui plombent votre roman ».
Photo de couverture : Ekaterina Belinskaya