Trouver un éditeur a longtemps été mon rêve. Certains passent directement par la case auto-édition – c’est d’ailleurs le cas de très bons livres.
Mais pour beaucoup d’auteurs, être publié par une maison d’édition représente un aboutissement. La validation de son travail par un professionnel du livre. Bref, une légitimité.
Quand deux maisons d’édition différentes m’ont contactée pour publier Cheveux aux vents, j’ai cru que j’allais avoir une attaque !
Cela faisait plus d’un an que je cherchais, avec l’impression d’être un étudiant de prépa qui repique les concours des Grandes écoles 😓
Parce que franchement, le monde de l’édition, c’est pas du gâteau. Les maisons d’édition croulent sous les envois de manuscrits. Selon les études les plus récentes, seul un manuscrit sur 1000 reçus par les éditeurs serait finalement publié.
Alors, dans ces conditions, comment tirer son épingle du jeu et trouver LA maison d’édition qui publiera votre manuscrit ?
Je vous dis tout sur mon retour d’expérience !
1 – Trouver un éditeur : la qualité tu rechercheras
Il n’y a pas de miracle : le premier ingrédient pour faire publier votre livre, c’est sa qualité.
Testez votre intrigue sur plusieurs béta lecteurs avant d’approcher une maison. Demandez leur d’être le plus honnête possible. Est-ce que les personnages sont attachants ? Est-ce qu’on a envie de tourner les pages ? Qu’est-ce qui fonctionne bien et moins bien ?
Ces retours seront de l’or pour vous ! Choisissez bien à qui vous allez confier votre manuscrit, hein. Fuyez comme la peste les briseurs de rêves et personnes négative. Cherchez des regards critiques sur votre manuscrit, mais bienveillants.
Et si vous êtes prêts à investir, pourquoi ne pas faire appel à une agence de conseil littéraire ? Les tarifs peuvent être assez chers mais si votre conseiller à une expérience de lecteur dans une maison d’édition, son retour sera infiniment précieux. C’est ce que j’ai fait après avoir bouclé le premier jet de mon manuscrit, et le retour que j’ai eu m’a ouvert les yeux sur les nombreuses erreurs de débutant que je commettais !
J’en ai d’ailleurs tiré un article, que je vous invite à consulter : « Ces erreurs d’écriture qui plombent votre roman ».
2 – Les règles de forme tu respecteras
Pour ce qui est de votre manuscrit, soyez aussi formaliste que la famille royale d’Angleterre !
Il va sans dire que votre texte doit être corrigé et propre niveau orthographe et grammaire. Veillez à bien utiliser des tirets cadratins pour vos dialogues, et pas le tiret du 6 comme j’ai longtemps fait 😊
Niveau présentation, encore du classique : texte tapé en Times New Roman 12, 1500 caractères par page, espaces compris. Adoptez un interlignage de 1,5. Laissez des marges suffisamment importantes pour permettre les commentaires – pour ma part j’étais partie sur des marges de 5 cm à gauche, à droite, en haut et à gauche.
Enfin, imprimez votre texte uniquement au recto. Pourquoi cette règle ? Parce que bon, au bout d’un moment, tout ce papier ça commence à chiffrer ! D’aucuns prétendent que les maisons d’édition imposeraient cette règle pour décourager les impétrants…
Astuce pour les romans fleuves : si votre roman est un texte fleuve, genre plus de 450 pages, envoyez simplement la première partie. Cela vous coûtera moins cher et votre texte aura plus de chances d’être lu ! Les gros manuscrits rebutent les éditeurs, surtout pour un premier roman. C’est à partir du moment où j’ai envoyé la première partie de mon texte seulement (environ 200 feuillets) que j’ai commencé à avoir des retours.
Dernier conseil : n’essayez pas d’impressionner en envoyant votre texte sous la forme d’un livre déjà réalisé. La fabrication matérielle du livre, c’est le pré-carré de l’éditeur et ce sont souvent eux qui ont le dernier mot sur le titre ou la couverture…
Est-ce que je peux envoyer mon manuscrit en version électronique ?
Ça dépend ! La plupart des maisons d’édition continuent d’exiger un tapuscrit adressé par la Poste, mais de plus en plus s’ouvrent à l’envoi de manuscrits au format PDF.
Par exemple : Belfond, Presses de la Cité, Denoël, Liana Levi, le Cherche midi, la Manufacture de livres, les Éditions de l’Observatoire, City éditions, les éditions Lemart…
3 – Trouver un éditeur : les maisons d’édition tu cibleras
Passez un peu de temps sur les sites internet des maisons d’édition qui vous intéressent. Suivez-les sur les réseaux sociaux.
Essayez de comprendre leurs valeurs, leur éthique, le type de livres qu’elles publient.
Ciblez celles qui correspondent au genre de livre que vous écrivez.
Joshua Reynolds : Le Colonel Acland and Lord Sydney : Les Archers.
Par exemple, si vous écrivez de la fantasy, pas la peine d’adresser votre manuscrit aux éditions Eyrolles qui donnent plutôt dans les guides pratiques ou le roman contemporain.
Et ne focalisez pas sur les grandes maisons d’édition.
N’hésitez pas à prospecter du côté des moyennes et des petites, il en existe une myriade, et elles sont souvent moins frileuses à donner leur chance à des auteurs débutants.
Note pour les premiers romans : Buchet-Chastel et Actes Sud ont la réputation de publier, en proportion, plus de premiers romans que les autres maisons d’édition. La maison d’édition belge Diagonale, affiche elle aussi une prédilection pour les premiers romans.
Pour découvrir de nouvelles maisons, rien de plus simple : abonnez-vous à des blogs littéraires et suivez les chroniques des nouveaux livres. C’est ce que j’avais fait et c’est de cette manière que j’ai découvert ma maison d’édition actuelle, Ex Aequo.
Observez le catalogue des maisons d’édition, voyez si certains ouvrages entrent en résonance avec le vôtre niveau thématique. Cela pourra constituer un argument percutant pour votre candidature.
4 – Trouver un éditeur : ta candidature tu soigneras
Chaque maison d’édition a ses exigences. Pour les connaître, rien de plus simple, elles figurent le plus souvent sur leur site internet.
N’essayez pas d’avoir l’air original et suivez-les à la lettre.
Néanmoins, d’après mon expérience, les maisons demandent souvent un dossier de candidature comportant 3 éléments fondamentaux : une lettre de présentation, votre biographie d’auteur et un résumé détaillé ou synopsis.
Rédigez un document différent pour chacun d’entre eux :
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Une lettre de présentation
Faites court et synthétique – un recto maximum.
Indiquez si votre livre est un premier roman ou pas.
Présentez le pitch de votre livre, en 2 ou 3 phrases maximum, en introduisant votre personnage principal, son objectif et le conflit qui l’entrave dans l’accomplissement de cet objectif.
Exemple de pitch pour mon roman Cheveux aux vents :
Dans un pays sortant d’une guerre civile meurtrière, la cité pétrolière de Staven fait office d’eldorado. Alma et Maïdann [personnages principaux], deux jeunes filles en quête d’une vie meilleure, viennent s’installer dans un de ses bidonvilles. Mais leur émancipation [objectif] n’est pas du goût des hommes de leur quartier, qui leur feront payer leur liberté au prix du sang [conflit].
Expliquez ensuite votre intérêt authentique pour la maison. Personne n’aime être démarché au hasard ! Positionnez-vous en professionnel et montrez le sérieux de votre démarche. Par exemple, mentionnez si vous avez lu un livre de la maison et expliquez en quoi votre ouvrage pourrait s’inscrire dans leur ligne éditoriale.
Soyez sobre et, bien sûr, évitez tout ce qui pourrait ressembler à de la prétention concernant votre texte.
Astuce : l’écrivaine Marie Vareille raconte avoir rédigé à la main toutes ses lettres, pour exprimer sa considération et sa motivation. Elle indique avoir eu des retours beaucoup plus personnalisés avec cette technique, même quand son manuscrit n’était pas retenu. Personnellement, j’ai toujours tapé mes lettres, mais si vous avez une belle écriture, et surtout la patience, pourquoi ne pas essayer ?
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Votre biographie d’auteur
J’avoue que cet idem est assez déconcertant quand on en est à son premier roman !
Longtemps, je me suis demandée quoi fourrer dans cette fichue biographie. 🤔
Mais à la réflexion, voici quelque pistes : indiquez votre âge, votre situation familiale, formation, ce que vous faites dans le civil (en dehors de votre vie d’écrivain), si le livre que vous proposez est un premier roman ou non, si vous avez déjà publié en autoédition ou non…
Si vous avez participé à des concours et été remarqué à cette occasion, c’est en plus – restez encore un peu avec moi et on va reparler des concours.
Indiquez tout ce qui marque votre professionnalisme et votre engagement en tant qu’auteur : avez-vous déjà un blog ? Une chaîne YouTube ? Une audience ? Êtes-vous très suivi sur les réseaux sociaux ?
Travaillez-vous sur d’autres projets de livres ? N’hésitez pas à le mentionner également.
Pour ma part, j’avais décidé de me présenter sous forme de CV, organisé autour de quelques grandes rubriques type « vie d’auteur » ou « expérience professionnelle ».
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Un résumé détaillé de votre livre (aussi appelé synopsis)
Ici, vous pouvez en dire plus que dans le pitch, mais sans verser dans le fleuve non plus. Les éditeurs sont très sollicités et ont des montagnes de textes à lire chaque jour.
Attention : le résumé détaillé ou synopsis est différent du quatrième de couverture, qui doit donner envie de lire le livre sans trop en dévoiler.
A l’inverse, le synopsis dévoilera les grandes lignes de votre intrigue de manière neutre et factuelle, du début à la fin.
L’idée n’est pas de faire littéraire et de montrer votre style, mais de laisser voir la structure narrative de votre histoire et l’enchaînement des différentes péripéties. Une structure efficace est un élément primordial pour écrire un livre qui fonctionne et donc pour trouver un éditeur. J’y reviendrai bientôt plus en détail pour les lecteurs du blog, car ce sujet me passionne !
Donc ici encore, ne dépassez pas un recto.
5 – Des concours d’écriture tu présenteras
Vous connaissez mon amour des concours d’écriture.
Certains sont directement organisés par des maisons d’édition, le gagnant étant en général publié par la maison. Bingo !
Quelques exemples : le grand prix Femme Actuelle avec les éditions Les Nouveaux Auteurs, le Prix du livre romantique et le Prix de l’héroïne engagée organisés par les éditions Charleston, ou encore le prix Jean Anglade du premier roman avec les Presses de la Cité.
Même si vous ne gagnez pas le concours, l’expérience sera toujours enrichissante.
Et pour plus d’infos sur les concours, n’hésitez pas à découvrir l’article du blog « Les concours d’écriture pour révéler votre talent ».
6 – Trouver un éditeur : les nouvelles tendances, tu découvriras !
J’ai vu passer beaucoup de posts ou d’articles ces derniers temps parlant d’un nouveau service qui s’appelle Edithetnous.
Je trouve le concept intéressant : Edithetnous est une plateforme de mise en relation entre auteurs et éditeurs.
Moyennant un abonnement payant (7,99 €/mois les 3 premiers mois puis 9,99/mois), chaque auteur peut se créer un espace personnalisé sur la plateforme, afin d’y déposer les manuscrits pour lesquels il cherche à trouver un éditeur.
L’auteur décrit son manuscrit et l’indexe par catégorie et par mots-clés, pour le guider vers les éditeurs susceptibles d’être intéressés. Chaque éditeur est alerté quand un manuscrit qui correspond à ses critères de recherche est déposé.
Les éditeurs peuvent lire les manuscrits, les étudier et prendre contact avec vous via la messagerie de la plateforme.
Les éditeurs partenaires sont nombreux. On y trouve des petites maisons, mais aussi des noms prestigieux comme l’Archipel, Michel Lafon, Liana Levi, Charleston, La Martinière, Robert Laffont, de Borée, Payot et Rivages…
7 – Un mental d’acier tu entretiendras !
Trouver un éditeur, c’est un peu le parcours du combattant. Cela peut être long, et décourageant. Personnellement, je suis passée par des phases de gros doutes sur moi-même, et sur la qualité de mes textes.
J’ai connu les lettres types de refus ou le silence abyssal.
Et puis un beau jour, après une vingtaine de refus, 2 propositions de contrat avec des éditeurs différents, à quelques jours d’intervalle.
Donc ne baissez surtout pas les bras ! Après tout, il suffit d’un oui !
Vous connaissez mon credo : ne renoncez pas à votre beau rêve d’écriture, et si vous avez un coup de mou, je vous recommande l’article du blog « Manuscrit refusé : le kit de survie ».
J’espère que cet article vous aura été utile, et n’hésitez pas à nous partager votre expérience sur le sujet !
Photo de couverture : Tuur Tisseghem, Pexels
2 commentaires
Bonjour
Je découvre votre site trés précieux. Il y a bientôt trois ans, j’ai commencé le roman de ma vie. Une sorte de journal. Le mot fin est arrivé ce printemps. Des amis ont lu cette chose. Il va sans dire qu’ils m’ont découvert, car je me suis réellement mis à nu. Avec le temps, j’ai trés envie d’aider les personnes en difficultés par ce témoignage. Donc trouver une maison d’édition est un rêve, et aussi le seul de moyen de partager.
En vous remerciant
Cordialement
Merci beaucoup André je suis ravie que ces conseils vous soient utiles. Je n’ai pas trop le temps d’alimenter le blog en ce moment car je suis en train de finir mon prochain livre, mais j’y reviendrai prochainement avec de nouveaux conseils aux auteurs, promos, car c’est un projet que j’adore. Je vous souhaite plein de bonnes choses pour votre livre, j’espère de tout cœur que vos rêves se réaliseront et que votre livre vous permettra d’aider d’autres personnes.