Les erreurs d’écriture, on en fait tous.
Surtout quand on écrit, emporté par la Muse…
Mais certaines peuvent plomber votre manuscrit. Et ça, ce serait vraiment dommage !
Cet article vous aidera, je l’espère, à détecter les erreurs à éviter et vous donnera des pistes pour y remedier.
1 – La reine des erreurs d’écriture : commencer à écrire sans avoir travaillé ses personnages à fond
S’il y a une chose qui ne pardonne pas, c’est de commencer à écrire sans avoir approfondi ses personnages.
Vous aurez peut-être une impression de fluidité au début, quand vous surferez sur une grosse vague d’inspiration. Mais vous vous apercevrez vite qu’il vous manque quelque chose.
Pourquoi ? Parce que vous aurez des personnages :
- Placés artificiellement dans les scènes pour servir les besoins de l’intrigue. N’oubliez pas, les personnages, leur quête, leurs motivations et leurs failles sont l’intrigue ;
- Sans épaisseur psychologique ;
- Sans voix propre ;
- Clichés : la prostituée au grand cœur, le flic alcoolique… ;
- Interchangeables, sans réelle différenciation : j’ai lu un jour un roman dont les 2 personnages principaux se ressemblaient énormément. Résultat : je ne voyais pas l’intérêt du personnage « doublon ». L’ensemble était trop lisse. Je m’ennuyais. Et ennuyer son lecteur, c’est le cauchemar de l’écrivain !
Mon conseil : passez du temps à creuser vos personnages. Faites-les allonger sur votre divan de psychanalyste.
Sigmund Freud et Marie Bonaparte dans le téléfilm Princesse Marie.
Quelles sont leurs motivations ? Leurs ressorts les plus intimes ?
Connaissez-tout d’eux, dans les moindres détails. Soyez capables d’expliquer la moindre de leur action.
Travaillez-les jusqu’à ce que vous vous sentiez littéralement connectés à eux – oui, c’est limite mystique parfois !
Ne commencez pas à écrire si vous ne sentez pas ce lien : une bonne histoire tient à encore plus à ses personnages qu’à son intrigue.
Pour approfondir vos personnages, je vous conseille l’article du blog « Comment créer des personnages de roman inoubliables ? ».
Et si vous cherchez des fiches Personnages toutes faites, téléchargez mon guide gratuit « Comment écrire un roman – la méthode étape par étape pour aller au bout de votre projet ».
2 – N°2 des erreurs d’écriture : l’info dumping
L’info dumping, c’est quoi ? Une tendance à bombarder le lecteur d’information dès les premières lignes du roman.
Par exemple : écrire l’équivalent d’une page Wikipédia sur la vie du personnage principal.
On comprend bien l’idée derrière tout ça : caler le contexte une fois pour toutes et avancer ensuite dans l’action. Expliquer tout au lecteur pour lui donner le maximum d’informations.
Sauf que :
- Le procédé est ennuyeux et artificiel pour votre lecteur ;
- L’info dumping ralentit votre intrigue.
L’antidote : commencez par montrer votre héros en action. Expliquez après.
Et faites-le progressivement à l’intérieur de votre histoire.
Pour piquer l’intérêt de vos lecteurs et le conserver : ne résolvez pas trop tôt mystères et zones d’ombre.
3 – N°3 des erreurs d’écriture : trop de flashbacks
Quand je me suis lancée dans l’écriture de mon premier roman, je multipliais allègrement les flashbacks.
Je ne pouvais pas m’en empêcher, et j’adorais ça d’ailleurs. J’avais l’impression d’approfondir la psychologie de mes personnages, leur passé, la fabuleuse personnalité dont je les avais dotés.
Jusqu’à ce que mon cher et tendre, qui est aussi un de mes plus fidèles lecteurs, me fasse remarquer à quel point cela ralentissait l’action.
Touché !
En plus de ralentir l’action, ces flashbacks à répétition m’entraînaient dans des digressions sans fin et m’éloignaient de l’intrigue principale.
Je ne dis pas qu’il faut supprimer tout flashback, mais utilisez cette technique avec parcimonie. Et veillez à les déclencher par un stimuli physique dans l’environnement de votre personnage.
Par exemple, un climat glacial pourra rappeler à votre héros la nuit toute aussi glaciale au cours de laquelle son père est décédé.
Une alternative au flashback : le back flash !
Le back flash est une courte séquence au cours de laquelle l’auteur délivre des informations sur le passé d’un personnage, au sein d’une scène au présent.
Exemple emprunté à l’écrivain américain James Scott Bell (traduction libre) :
Eh, je vous connais, non ?
Ce type l’avait-il reconnu ? Toute la ville allait-elle découvrir qu’il était Chet Arthur, l’assassin de ses parents ?
Ouais, vous étiez dans les journaux il y a, je ne sais pas, 10 ans ?
C’était il y a 12 ans, et ce type l’avait repéré. La presse avait raconté qu’il avait tué ses parents sous l’emprise de la drogue. Ils se fichaient des abus, n’est-ce pas ? Et ce type s’en ficherait aussi.
Notez comme le passé du personnage est évoqué puissamment, en quelques lignes à peine. On aurait pu écrire plusieurs pages de flashback sur le sujet, sans atteindre la même intensité.
Finalement, vos lecteurs n’ont pas besoin de tout connaître du passé de vos personnages. Laissez-leur une part de mystère.
4 – La gaffe des débutants : l’avalanche d’adjectifs et d’adverbes
Je ne sais pas vous, mais j’ai longtemps truffé mes textes d’adjectifs et d’adverbes.
Parfois par amour des mots que j’utilisais, de leur sonorité.
Ou d’autres fois pour donner le plus d’informations possibles à mon lecteur.
L’éléphant dans un magasin de porcelaine…
Car cela surcharge le texte, et ne laisse pas suffisamment d’espace à l’imagination du lecteur.
Le procédé peut aussi ralentir la lecture, les adjectifs et les adverbes s’accompagnant souvent de nombreuses virgules ☹
Laissez plutôt le lecteur imaginer les détails, combler les trous, s’approprier le texte.
Les antidotes :
- Entre plusieurs adjectifs qui transmettent la même idée, choisir l’idée qui vous semble la plus importante et conserver un seul adjectif ;
- Choisir des verbes forts et précis pour éviter des verbes plus communs suivis d’un adverbe. Par exemple : « se hâter » au lieu de « marcher rapidement » ;
- Soyez le plus spécifique possible. Ainsi, au lieu d’écrire « un gros insecte noir », nommez le type d’insecte auquel vous faites référence. Un scarabée ? Une araignée ? ;
- Remplacez l’adjectif par une comparaison ou une image : au lieu de dire « il mangeait voracement », dites « il mangeait comme un animal ». Mais n’abusez pas non plus des images : à les multiplier, elles peuvent s’affaiblir les unes les autres.
5 – L’écueil d’une ponctuation déchaînée
Parmi tous les pièges qui guettent l’apprenti écrivain, il y en a un dont je n’aurais jamais pensé à me méfier : la ponctuation.
Grave erreur.
Ce à quoi vous devez être particulièrement attentif : l’excès de points d’exclamation et d’interrogation.
L’effet est artificiel et un brin mélo.
Pire encore, un éditeur n’aura qu’à feuilleter votre manuscrit pour détecter une hyper ponctuation et rejeter votre texte sans autre forme de procès.
Heureusement, cette erreur d’écriture est facile à réparer.
Réservez points d’exclamation et d’interrogation à quelques phrases, n’en mettez qu’un et pas trois d’affilée.
A ne pas faire : « Dépêche-toi, abruti !!! C’est le soir que la boutique fait le plus de chiffre !!! »
Préférez : « Dépêche-toi, abruti ! C’est le soir que la boutique fait le plus de chiffre. »
6 – Les erreurs d’écriture des amoureux de la langue
Nous autres auteurs aimons les mots, leur musique, leur magie.
Sauf que parfois, nous les aimons trop.
Au point de nous complaire dans notre style.
Et ainsi affaiblir l’intrigue et sa cohérence parce nous voulons à tout prix garder une image ou une phrase dont nous sommes tombés amoureux.
Le style et la langue doivent être au service de l’histoire et des personnages, et non pas utilisés pour eux-mêmes.
Le conseil sans pitié de Stephen King : « Tuez vos chéries ! »
En d’autres termes, sabrez tout ce qui ne sert pas le déroulement de votre histoire.
Et copiez-collez vos perles dans un fichier à part. Qui sait, peut-être pourront-elles s’intégrer parfaitement dans un prochain texte 😅
7 – Une des erreurs d’écriture les plus limitantes : faire un copier-coller de son expérience personnelle
Notre expérience, nos émotions irriguent notre écriture, c’est un fait.
Si votre livre est un témoignage ou un récit, relater précisément votre expérience fait partie de l’exercice.
Il en va différemment avec le roman.
Quantité d’auteurs pensent écrire un roman à partir de leur expérience personnelle.
Néanmoins, à vouloir écrire exactement les choses comme elles se sont « vraiment passées », vous risquez de vous couper des fabuleuses potentialités de l’écriture fictionnelle.
La fiction est un moyen bien plus puissant et libératoire de faire passer un message que de raconter votre expérience par le menu.
Inventez des personnages différents de vous pour la porter, placez-la dans un décor marquant, twistez l’intrigue… Captivez votre lecteur, donnez carte blanche à votre imagination.
Votre message n’en sera que plus impactant.
Car « Écrire, c’est mentir en vue d’une vérité ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 😉
Photo de couverture : Bru-nO
10 commentaires
Bonjour. J’ai beaucoup apprécié ces conseils d’ecriture. Je commence à écrire un roman et je me rend compte que je commet bon nombres d’erreurs sur les 7 à éviter. Merci, il ne me reste plus qu’à recommencer ! Cordialement. Jacques
Merci Jacques pour ce retour. Je suis ravie que cet article puisse vous aider. Ne vous inquiétez pas si vous commettez des erreurs, c’est notre lot à tous au début. A force de pratiquer vous serez de plus en plus à l’aise 🙂 Bon courage pour l’écriture de votre roman, ne lâchez pas.
Bonjour chère Garance. Merci pour tous ces excellents conseils. Je rencontre un problème assez inédit me semble t-il auquel j’aimerai que tu puisses répondre. L’intrigue qui s’épuise qui m’obligerait à écourter un texte que je trouve cependant bon. J’ai l’impression de n’avoir pas tout dit et surtout d’être obligé d’opter vers une fin de récit écourté. Peut être devrais-je m’en satisfaire ? En tout cas merci pour tout ce que tu fais.
Bonjour Lachemi, merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup. Si tu as l’impression que ton intrigue s’épuise, je te suggère de prendre un peu de recul et d’examiner ton histoire sous cet angle :
– Est-ce que tu as travaillé à fond tes personnages, leurs conflits intérieurs et leur évolution ? Parfois nous les envisageons trop étroitement et n’exploitons pas des facettes qui pourraient s’avérer fascinantes et riches en potentialités pour l’intrigue;
– Est-ce que les enjeux augmentent au fil de ton histoire ? ils doivent être fondamentaux pour ton personnage (vie, mort, bonheur…) de sorte qu’un échec de sa part aura des répercussions énormes sur lui. As-tu réfléchi à la pire chose qui peut lui arriver, à la pire information qu’il peut recevoir ? Rencontre-t-il suffisamment d’obstacles sur sa route ? Ton lecteur doit avoir peur pour lui. Peut-être le chapitre sur la structure dans mon Guide gratuit à télécharger pourra-t–il t’aider à booster ton intrigue.
– A quoi ton lecteur s’attend logiquement… et comment tu peux le surprendre en écrivant quelque chose de plus inattendu pour les moments clés de ton livre ?
Et enfin, donne tout pour la fin, elle doit apporter une réponse à toutes les questions soulevées par le texte, être percutante, impacter ton lecteur au plan intellectuel et émotionnel. C’est ce qui va rester dans sa tête quand il reposera ton livre 😊
J’espère que ces conseils te seront utiles et je te souhaite le meilleur pour ton roman !
Garance
Merci, chère Garance! Tes excellents conseils ont stimulé ma réflexion, si bien que, grâce à toi, j’ai pu reprendre un travail d’écriture commencé il y a 10 ans et jamais abouti, à cause d’une difficulté que je n’arrivais pas à résoudre. J’ai trouvé la solution et j’ai pu mener à bien l’entreprise. Il me reste à chasser les erreurs d’écriture contre lesquelles tu mets judicieusement en garde!
Continue à nous guider, et à bientôt la lecture de ton ouvrage!
Merci Martine pour ce retour, je suis vraiment ravie !
Bonjour, je n’arrive pas à faire durer mon livre. Mes idées ne colle pas. Comment puis-je faire vivre mon personnage alors que je n’écrit qu’une dizaine de ligne avant de rester bloqué ?
Bonjour Léandre,
Pour avoir vécu la même expérience, je vous conseillerais de bien planifier votre histoire et ses éléments clés, de même que la construction de vos personnages, avant de passer à la phase d’écriture proprement dite. Avez-vous téléchargé mon guide gratuit sur Comment écrire un roman ? Vous y trouverez les différentes étapes que je recommande de suivre pour éviter les blocages.
Bon courage à vous !
Garance
Bonsoir,
Je suis une (très) jeune débutante qui avance à tâtons sur la longue route de l’écriture, aussi je voudrais vous remercier pour le guide et vos conseils quant aux erreurs à éviter. Grâce à vous, j’ai ressorti mon vieux manuscrit abandonné au fond de mon tiroir et je me rends compte que je peux le continuer en débit de ce que je croyais.
Je vous souhaite une bonne soirée, et encore merci!
Pepita
Bonjour Pépita,
Je me réjouis de cette bonne nouvelle ! Je suis certaine que vous allez révéler tout le potentiel de ce vieux manuscrit abandonné. N’hésitez pas à me tenir au courant de votre avancement.
Bonne soirée à vous,
Garance