Trouver l’inspiration, quel enfer !
J’ai failli arrêter l’écriture à cause de ça. Sérieusement, je suis restée bloquée plus de 10 ans à attendre l’inspiration !
Autrement dit, le calvaire de la page blanche, ça me connaît. Les mots qui ne viennent pas. L’inspiration niveau zéro. Et la tentation de tout lâcher jusqu’à ce qu’Elle revienne.
Aujourd’hui j’ai compris qu’il n’y a pas besoin d’attendre que la Muse pointe le bout de son nez. C’est même la pire chose à faire quand on est bloqué.
En fait, trouver l’inspiration, c’est surtout savoir rester connecté à votre énergie créatrice unique. Pour découvrir comment continuer à avancer même quand vous vous sentez bloqué, c’est par ici 😊
1- Trouver l’inspiration en jouant
Voilà un petit exemple de jeu d’écriture pour vous débloquer et noircir votre page blanche – littéralement :
Prenez une feuille de papier et un crayon à papier. Promenez-vous dans votre maison ou à l’extérieur. Mettez votre feuille sur toutes les choses en relief que vous croiserez : un arbre, le mur, une chaise, un fauteuil, un banc, le parquet, une boîte…
Coloriez par-dessus avec votre crayon à papier. Rentrez chez vous et regardez vos gribouillages. Chacun est légèrement différent. A quoi vous font-ils penser ? Spontanément ? Notez un mot par dessus chacun de vos gribouillages.
À présent, regardez tous les mots que vous avez obtenus.
Ça peut être aussi saugrenu et poétique que : étoile, licorne, marmelade…
Maintenant, écrivez un court texte en prenant soin d’y glisser tous les mots que vous avez écrits par-dessus vos gribouillages.
Les ferments d’une histoire plus longue se cachent peut-être dedans 😊- peut-être un thème, une ambiance, des personnages que vous aurez envie de creuser.
Dzenina Lukac
2 – Trouver l’inspiration en vous connectant à ce que vous aimez
Parfois, quand on veut absolument écrire ou avancer sur notre projet de livre, on se met tellement la pression qu’on en oublie toute notion de plaisir. Erreur !
Au contraire, relisez les livres que vous aimez, replongez-vous dans vos auteurs préférés.
Connectez-vous aux ambiances qui vous plaisent et vous font vibrer.
Ainsi, si vous rêvez d’écrire un roman historique, allez visiter un musée, une expo, ou simplement un endroit lié à l’époque où vous souhaitez situer votre histoire.
Décorez votre bureau d’écrivain avec des photos ou des bibelots évocateurs, que vous avez plaisir à regarder.
Relisez des histoires qui vous ont plu et qui se situaient à cette période, ou découvrez-en de nouvelles.
Et mangez ce que vous aimez en plus, bien sûr ! Quel blocage créatif n’a jamais résisté à une bonne crêpe au Nutella, hein ?
Lâchez prise et voyez ce que ces expériences de plaisir vous apportent. Il y a de grandes chances pour qu’elles boostent votre motivation en vous reconnectant à ce qui vous intéresse vraiment.
Mais aussi qu’elles fassent surgir en vous une flopée de nouvelles idées pour votre histoire ! Peut-être même un nouvel angle de vue, inspiré de la manière dont d’autres écrivains ont traité tel ou tel aspect de leur intrigue.
Et si vous êtes bloqués en plein milieu de votre projet de roman, demandez-vous si vous n’êtes pas en train de vous ennuyer. Si c’est le cas, écrivez quelque chose qui vous amuse, qui relance votre intérêt pour votre propre histoire.
J’avais souvent recours à cette méthode lorsque j’écrivais mon roman Cheveux aux vents. Elle m’a tirée d’affaire pour aller jusqu’au bout !
3 – Et si… ?
Surfez sur votre vision unique des choses, votre manière personnelle d’appréhender le réel. Même si quelqu’un a déjà eu une idée d’histoire similaire à la vôtre, vous seul pouvez la traiter à votre manière, et donc y apporter quelque chose de neuf.
Expérimentez votre vision n’importe où : en promenade, à votre travail, dans le bus…
Peut-être allez-vous être interpellés par des petites détails du quotidien et vous poser la fameuse question : « Et si… ? »
Car les idées sont partout, pour qui sait prêter attention. Une conversation captée chez le coiffeur ou dans le métro, un morceau de musique, une brève dans le journal, la télévision…
L’écrivaine américaine Carla Neggers raconte ainsi qu’elle a eu l’idée d’un de ses livres lors d’une promenade touristique en bateau sur un canal alors qu’elle rendait visite à des cousins aux Pays-Bas. La visite guidée était en hollandais, et elle n’y comprenait rien. Du coup, elle a commencé à se demander : et si on découvrait un cadavre en train de flotter dans le canal ? Et si ce cadavre était celui d’un touriste Américain ? Hop, une histoire était née.
Beaucoup d’idées de livres commencent par une toute petite idée de rien du tout qui va se mettre à grossir à mesure que vous allez y penser et l’alimenter.
Certaines idées d’histoire sont même particulièrement obsédantes. Elle se mettent à tourner en boucle dans notre cerveau sans qu’on puisse les chasser… c’est souvent le signe qu’il y a quelque chose à creuser !
Pour approfondir ce sujet, je vous recommande l’article du blog « 13 manières simples et ludiques de trouver des idées de roman ».
4 – Comment choisir quand on a trop d’idées ?
Eh oui, cela arrive parfois ! Peut-être allez-vous vous retrouver avec des idées par dizaines, comme beaucoup d’auteurs. Mais alors, comment choisir celles qui méritent que vous lui consacriez l’investissement énorme qui correspond à l’écriture d’un livre ?
Face à ce genre de dilemme, l’écrivaine américaine Debbie Macomber utilise quant à elle un test en 4 étapes :
– est-ce que l’histoire est intéressante pour mes lecteurs ?
– suis-je capable de raconter l’histoire d’une manière honnête ?
– suis-je capable de raconter l’histoire de manière créative, via une intrigue riche en rebondissements ?
– l’histoire doit être captivante !
5 – Capitaliser sur vos spécificités !
Vous possédez nécessairement un domaine d’expertise sur un sujet donné.
Autrement dit, un formidable terrain pour trouver l’inspiration !
Cela peut provenir de votre expérience professionnelle. Par exemple, de nombreux auteurs de thrillers sont d’anciens flics ou des psychiatres, comme le fantastique écrivain espagnol José Carlos Somoza.
Mais votre expérience personnelle est aussi riche de spécificités qui n’appartiennent qu’à vous, et qui peuvent apporter une touche unique à vos livres. Une manière de traiter un sujet comme personne d’autre ne peut le faire. Et d’établir une profonde connexion au plan émotionnel avec vos lecteurs.
Cela vaut pour les œuvre de fiction, comme des romans, que vous pouvez nourrir de vos expériences, de votre manière de voir le monde, de ce que la vie vous a appris. Cela marche aussi pour les œuvres de non fiction, comme les livres de développement personnel ou les récits de vie.
Le livre La Familia Grande de Camille Kouchner en est un très bon exemple. Il évoque l’inceste, l’emprise psychologique et la culture du secret qui étouffe les victimes. Ce texte est né d’une expérience familiale unique, et pourtant il porte en lui une grande universalité, une capacité à résonner incroyablement forte, car beaucoup de gens ont malheureusement vécu la même tragédie.
La Familia Grande a brisé le tabou de l’inceste avec fracas, à en juger par le nombre d’affaires révélées dans le sillage de la sortie du livre. C’est ainsi que l’expérience d’une fratrie a réussi à faire évoluer les mentalités – du moins je l’espère du fond du cœur.
6 – Qu’est-ce qui est unique en vous ?
Quelle vision nouvelle et atypique pouvez-vous apporter sur un sujet, même si ce sujet a déjà été traité par ailleurs ?
Faites une liste de vos expériences, de vos connaissances, de tous les sujets sur lesquels vous êtes capables d’écrire, que ce soit concernant votre vie personnelle, votre expérience professionnelle ou familiale.
Puis dressez une seconde liste avec des idées d’histoires pour chacune de ces catégories.
Alimentez votre liste, faites-la grandir. Vous pourrez toujours vous y référer chaque fois que vous vous sentirez bloqué.
Ce qui fait votre spécificité n’a pas besoin d’être aussi dramatique que dans La Familia Grande, Dieu merci !
Vous pouvez avoir été champion de rock acrobatique au lycée, être expert dans la préparation de sushis foie-gras/chocolat, avoir collectionné les râteaux amoureux…
Vous trouvez que tout est inintéressant en vous ? Bonne nouvelle, vous pouvez sublimer un parcours en apparence trivial. Exemple : Sayaka Murata, une caissière de supérette qui a gagné l’équivalent japonais du prix Goncourt avec le désopilant Kombini, un livre qui met en scène… une jeune caissière de supérette (comme son auteur, tiens !) et qui se moque férocement de l’assujettissement de la société nippone aux apparences.
7 – Trouver l’inspiration grâce au pouvoir de la planification
D’après mon expérience personnelle, le manque d’inspiration ne résiste pas longtemps à la planification.
À partir du moment où écrire est devenu une habitude pour vous, vos blocages prendront une dimension bien moins inhibante.
Si vous savez que tous les dimanches après-midi et tous les mercredi soir, c’est écriture pendant 2 heures, vous écrirez et puis c’est tout. Même quand vous n’en aurez pas envie. Parce que vous respecterez cette plage de temps impartie à l’écriture et préréservée dans votre agenda. Comme un véritable écrivain professionnel.
Un écrivain écrit. Alors vous écrivez. Cela vous demandera un peu de discipline au début, et puis vous verrez que ce sera de plus en plus facile.
Si cela ne fonctionne pas, essayez de changer vos horaires (écrivez plutôt le matin si vous aviez initialement tenté le soir), ou de vous fixer des objectifs moins intimidants (avoir écrit une page par session de travail, et non pas un chapitre entier).
N’abandonnez pas. Cherchez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Et tenez-vous-y scrupuleusement jusqu’à en avoir fait une habitude.
8 – Optimiser votre session d’écriture
Une manière d’optimiser votre séance d’écriture est de peaufiner votre intrigue, ou de travailler sur l’évolution de vos personnages. Ce travail est moins intimidant que de s’attaquer à la phase d’écriture en elle-même. Et il s’avèrera infiniment précieux le moment venu.
Ou décomposez votre objectif global en mini objectifs bien plus faciles et rapides à atteindre. Par exemple, si votre but est de rédiger un roman de 400 pages en 1 an, vos sous-objectifs se déclineront en 33 pages par mois, soit entre 6 et 8 pages par semaine, ou encore 1 page par jour.
On passe au concret là, non ?
Enfin, bien sûr, avoir rédigé au préalable un synopsis de votre histoire avec ses grandes étapes est extrêmement utile pour éviter de se retrouver bloqué. Même si les mots ne vous viennent pas d’une manière aussi fluide que vous l’aurez souhaité, avoir un plan qui vous attend vous évitera la torture de la page blanche. Et vous permettra de trouver l’inspiration.
Pour tirer le maximum de vos séances d’écriture, découvrez l’article du blog « Comment vaincre la procrastination et écrire son roman ? »
9 – Trouver l’inspiration en écrivant quoi qu’il arrive
Pourquoi se retrouve-t-on bloqué et complètement inhibé au moment de se mettre à écrire ?
Souvent, c’est lié à la peur. Celle d’échouer, de ne pas être assez bon, assez légitime. De n’intéresser personne.
En tout cas, effet bœuf garanti. Votre cerveau se vide, l’inspiration fuit, vos idées s’évaporent ! Sans parler des effets désastreux sur votre corps lui-même : votre rythme cardiaque s’accélère, votre respiration s’emballe, vos muscles se tendent…
Respirez. Vous n’avez pas besoin d’en arriver là.
Au lieu de ça, écrivez sans vous mettre la pression. Sur ce dont vous avez rêvé cette nuit ou ce que vous avez mangé à midi. Sur tout et n’importe quoi.
L’idée est de commencer à mettre des mots sur le papier pour initier le flux. Un peu comme un athlète qui s’échauffe avant de se lancer sur la piste de course.
Julia Cameron, qui est source de conseils infiniment précieux en matière de créativité, recommande ainsi aux artistes d’écrire 3 pages chaque matin en mode automatique. Sur tout ce qui nous passe par la tête.
L’idée est de vider son esprit des pensées parasites afin de pouvoir se connecter en toute sérénité à la source de sa créativité.
Écrivez pour remplir votre objectif du jour, en nombre de pages ou en nombre de mots. Faites le job, ce sera déjà une source de satisfaction. Assurez la quantité, vous pourrez toujours retoucher la qualité après.
Et puis qui sait, en relisant, vous vous apercevrez peut-être que ce n’était pas si nul 😊
Et vous, quels sont vos trucs pour trouver l’inspiration ?
Photo de couverture : Daria Shevtsova