Le syndrome de l’imposteur, ça vous parle ?
Cette petite voix qui vous martèle que ce que vous écrivez est nul/cliché/pas original. Que vous n’êtes pas assez bien.
Que vous n’avez rien d’intéressant à dire ou faites trop de fautes d’orthographe. Et ce, même si des personnes ont pris du plaisir à lire vos textes !
Le syndrome de l’imposteur peut s’avérer particulièrement redoutable quand on écrit car on se met à nu. On se dévoile. On s’expose au jugement d’autrui, dans ce que nous avons de plus intime. Et ça fait peur !
J’ai moi-même été régulièrement sous attaque de mon imposteur intérieur, mais depuis quelque temps, j’arrive beaucoup mieux à le tenir à distance 😊
A travers cet article, je souhaite vous aider à garder confiance en vous. Et, plus particulièrement, à aborder vos projets d’écriture avec davantage de recul et de sérénité.
1 – On est tous atteints du syndrome de l’imposteur !
Quand on creuse, on se rend compte que même les artistes les plus reconnus traversent ces phases terribles pendant lesquelles ils se sentent complètement nuls.
Nathalie Portman a été terrassée par le doute lorsqu’elle a prononcé le discours de la cérémonie de remise des diplômes à Harvard :
« J’avais l’impression qu’il y avait erreur, que je n’étais pas assez intelligente pour figurer parmi ce groupe et qu’à chaque fois que j’ouvrirais la bouche, il me faudrait prouver que je n’étais pas qu’une actrice idiote. »
Dans le même registre, j’affectionne cette citation du journal d’Elizabeth George. Tous ses livres ont été des best-sellers… Et pourtant :
« L’écriture m’inspire toujours la même terreur. Je ne me sens pas particulièrement douée, et je me demande combien de temps encore je vais réussir à concocter des romans avec ma maigre réserve de talent. Tous les jours, je m’assieds devant l’ordinateur en faisant des vœux. Et quand je tombe sur un livre stupéfiant – comme Retour à Cold Mountain, ou l’Homme sans douleur, un premier roman anglais que je suis en train de lire –, je me dis, Mon Dieu, mais qu’est-ce que je fais ? Les histoires que je raconte sont tellement insignifiantes à côté de ce que font ces gens-là. Et puis je me dis que je n’ai qu’à faire de mon mieux, raconter mon histoire aussi bien que possible, et à Dieu va ».
En réalité, on dit que douter de soi et de son écriture est plutôt bon signe pour un auteur. Car le processus créatif est ainsi fait qu’il va de pair avec le doute. Ce serait l’inverse qui serait inquiétant !
Elizabeth George
2 – Qu’est-ce qui se cache derrière le syndrome de l’imposteur ?
La prochaine fois que vous vous sentirez fléchir sous le poids de la nullité, essayez de vous demander ce qui se cache derrière.
Est-ce que vous vous dites que vous êtes nul parce qu’une personne malintentionnée vous a rabaissé par le passé ?
Visualisez cette personne. Est-ce qu’elle respirait la joie de vivre ? La grandeur d’esprit ? Était-elle particulièrement inspirante ? Je parie que non. Si cette personne figure dans votre entourage actuel, fuyez-la comme la peste.
Ne vous laissez pas démolir. La critique doit être bienveillante et constructive, ou ne pas être. Les personnes les plus critiques sont souvent bloquées dans leur propre créativité, et ne supportent pas celle des autres.
Méfiez-vous des critiques floues et trop générales, demandez des précisions, posez des questions. Soit la critique va se dégonfler d’elle-même comme une vieille baudruche, soit elle va s’affiner et vous permettre de progresser en mettant le doigt sur ce qui ne va pas.
Ou vous démolissez-vous parce que vous avez eu de mauvais retours sur vos textes ? Parce que vous avez du mal à trouver un éditeur ?
C’est malheureusement inévitable quand on écrit. Nos textes, nos livres, ne pourront pas plaire à tout le monde. Être rejeté est un passage quasi-obligé pour la plupart des artistes. Il y aura toujours des gens pour ne pas aimer ce que vous faites. Nous sommes pareils : pensez à tous ces chefs d’œuvre de la littérature et du cinéma qui ne vous ont fait ni chaud ni froid 😊 !
Souvent, le critique le plus impitoyable est nous-même.
Notre égo est terrible. On se compare sans cesse aux autres artistes, et aux plus renommés de préférence. C’est particulièrement difficile quand on débute et qu’on a conscience de tous ces fabuleux livres déjà écrits. Et pourtant, ces écrivains accomplis dont nous admirons tant le travail ont un jour été débutants, tout comme nous.
A la place, dressez une liste de tous les compliments et retours positifs que vous avez déjà eus sur vos textes, de toutes vos mini-victoires. Relisez-la quand vous sentez le syndrome de l’imposteur pointer le bout de son nez !
Et, surtout, mettez-vous en action. Lisez, écrivez, pratiquez. Julia Cameron donne un conseil que je trouve très puissant : permettez-vous d’être un mauvais artiste avant d’être juste un artiste. C’est ce que j’appelle le ticket d’entrée. Qui peut se targuer, à part peut-être Rimbaud, d’avoir été immédiatement un bon artiste ?
3 – Et si le syndrome de l’imposteur avait du bon – de temps en temps ?
C’est drôle, mais en écrivant cet article, je réalise qu’un syndrome de l’imposteur peut parfois avoir certains avantages. A condition qu’il reste modéré, hein, il ne s’agit pas de s’auto-flageller 😊 !
Une approche moins formatée
Andy Molinsky, professeur en comportement organisationnel, s’est penché sur le syndrome de l’imposteur. Il a observé qu’on se sent souvent imposteur quand on débute dans un sujet. Mais finalement, ce côté néophyte peut s’avérer une force. On est moins formaté par les idées reçues, on ose aborder les problèmes de manière inédite.
Nos erreurs sont un signe d’apprentissage
Après tout, nos erreurs montrent que nous osons prendre des risques et sortir de notre zone de confort. Félicitons-nous de notre courage au lieu de nous dénigrer !
D’accord, aujourd’hui, vous ne maîtrisez pas forcément toutes les subtilités de l’écriture d’un roman. Vous faites des fautes de français. Votre style n’est pas (encore) parfait.
Mais que se passera-t-il si vous travaillez pour vous former ? Si vous maintenez votre rythme d’apprentissage sur 1 an ? 2 ans ? 10 ans ? Vous aurez progressé de manière exponentielle, voilà ce qui va se passer.
Gardez toujours la big picture à l’esprit !
Accepter son côté imposteur
Elizabeth Gilbert
Un conseil un peu plus déjanté qui vient cette fois-ci d’Elizabeth Gilbert, la pétulante auteur de Mange, prie, aime et de Comme par magie, livre dans lequel elle explore son processus créatif.
Elle recommande d’être du côté des roublards, plutôt que du côté des torturés. OK, nous ne sommes pas parfaits, parfois nous sommes même réellement mauvais, mais le plus important est que notre créativité soit source d’épanouissement. A quoi bon être créatif si c’est pour se torturer et s’infliger de la pression ?
Un peu d’humilité ne fait jamais de mal
Quoi de plus exaspérant que ces personnes qui ne se remettent jamais en question et prennent tout le monde de haut ? A condition de ne pas sombrer dans l’auto-critique permanente, se rappeler de temps à autre notre petit côté imposteur est plutôt sain.
4 – Arrêtez de vouloir être parfait et soyez sincère
Finalement, peut-être qu’une des clés pour se libérer du syndrome de l’imposteur est de renoncer au perfectionnisme.
Le perfectionnisme est un grand ennemi de la créativité !
Des idées, des images qui nous semblent magnifiques nous apparaissent souvent bien communes, bien maladroites quand nous essayons de les restituer en mots.
Malgré ça, je reste convaincue qu’on n’est pas un imposteur quand on choisit la voie de la sincérité. Quand on essaye de mettre le maximum de vérité personnelle dans le message de notre livre, dans nos personnages, dans notre style.
Souvenez-vous, vous êtes unique. Alors cultivez votre magie et mettez vos tripes sur la table !
5 – Combattez le syndrome de l’imposteur avec des affirmations positives
Je ne sais pas pour vous mais en ce qui me concerne, je n’ai jamais produit une ligne d’écriture valable en me répétant que j’étais nulle. Au contraire, ce genre de pensées a plutôt le don de me tétaniser et de « ratatiner » mon écriture.
Du coup, j’essaie de me détendre et de me répéter que je suis compétente et que je ne suis pas si mal 😊. Je me réfère à ma petite liste de retours positifs obtenus sur mon travail, mon « puits de lumière anti déprime ». Et franchement, ça aide !
Plutôt que de vous critiquer, connectez-vous à vos rêves, à votre passion, à ce qu’il y a de grand en vous. Ne laissez pas votre peur avoir le dessus.
J’espère que cet article vous a aidé. N’hésitez pas à partager votre expérience personnelle du syndrome de l’imposteur et vos trucs pour y remédier.
Sinon, pour faire le plein de confiance en vous, découvrez mon article sur les 7 signes qui montrent que vous allez réaliser vos rêves !
6 commentaires
Un bien joli texte qui fait un bien fou pour ceux qui, comme moi :), sont touchés par cette maladie chronique !!!
Ravie que ça t’ait plu, Elladan 🙂
moi aussi, je souffre en permanence du syndrome de l’imposteur! merci, Garance, pour ces joyeux conseils!
De rien, Martine 🙂 Essayez de ne pas trop prendre votre imposteur intérieur au sérieux !
Bonjour Garance,
Un grand merci pour cet article et pour votre blog en général. J’ai écrit mon premier roman il y a deux ans, en trois mois seulement. Non pas que j’écrive vite, mais je n’avais pas le temps, surtout je n’ai pas eu la force ni le courage de le relire après le premier jet… je l’ai tout de même envoyé a des éditeurs et, comme il fallait s’y attendre, il a été refusé partout. Sans autre forme de procès, j’en ai déduit que je n’avais aucun talent (ce qui est peut-être vrai, d’ailleurs, mais si je n’essaie pas nous ne le saurons jamais…) et que je n’écrirais plus jamais. Et puis l’envie a été la plus forte, et depuis quelques semaines, je me suis attaquée à un deuxième roman. En mal de conseils, je suis tombée sur votre blog, et j’ai compris qu’avec mon premier manuscrit, j’étais tombée dans tous les pièges (mais alors vraiment , l’entière totalité de tous les pièges !). A commencer par ce satané syndrome de l’imposteur qui m’a poussée à me détourner de ce premier roman sans l’avoir vraiment achevé. Alors vraiment, un grand merci pour votre blog dont chaque article est un puissant stimulant, et je vous souhaite le meilleur pour la suite de vos aventures !
Bonjour Marine,
Un grand merci pour ce commentaire qui me touche beaucoup !
Je suis ravie de vous compter parmi les lectrices de Rêves d’Écriture, et tout aussi ravie que le blog puisse vous aider dans vos projets de roman.
Je me reconnais tout à fait dans ce que vous décrivez avec votre premier roman 😊 C’est exactement ce que j’ai vécu avec mes premiers textes. Pendant des années je me suis sentie comme un ver de terre amoureux de l’inaccessible étoile de l’écriture…
Je pense que nous tombons tous plus ou moins dans un certain nombre de pièges. Et il n’y a pas de meilleur professeur que nos erreurs, finalement !
En tout cas, je suis certaine que vous avez bien plus de talent que vous ne le pensez.
Et ne vous laissez pas intimider par le syndrome de l’imposteur, prenez-le pour sa facette positive, une incitation à progresser encore et encore ✨
Je vous souhaite le meilleur pour votre roman en cours et vous dis à très vite sur le blog avec de nouveaux articles, c’est promis – quand j’ai un peu passé cette période de folie qu’est la sortie de mon premier roman !
Garance